Pourriez-vous vous présenter brièvement : âge, club, catégorie et votre palmarès ?
Je m’appelle Lara Füller, j’ai 26 ans et je m’entraîne depuis l’âge de 4 ans au RKV Poppenweiler avec mon entraîneur Paul Jacek. Je suis l’actuelle championne du monde en cyclisme artistique individuel féminin. J’ai également été vice-championne du monde en 2021 et 2023, championne d’Allemagne, et j’ai décroché un podium en Coupe du monde chaque année entre 2022 et 2024.
Combien d’heures d’entraînement faites-vous par semaine ?
En moyenne, je m’entraîne 15 à 20 heures par semaine, dont environ 10 heures sur le vélo.
Faites-vous aussi un travail hors-vélo (musculation, endurance, mental) ?
Oui. Je fais beaucoup d’endurance ainsi que des exercices quotidiens de handstand (équilibre sur les mains) ainsi que des exercices de mobilité articulaire. À l’approche de la période clé de la saison, j’ai allégé ce travail pour privilégier la préparation mentale : je veux être aussi forte dans la tête que dans le corps, et arriver sur la piste pleinement concentrée et positive.
Comment préparez-vous vos compétitions, notamment la veille ?
En début de saison, je mets l’accent sur mon programme. La semaine avant la compétition, je réduis la charge pour être reposée. La veille, je prends mes repères dans la salle, je mange souvent un plat de pâtes et je me couche tôt.
Comment gérez-vous le risque et la maîtrise ?
Pour moi, la maîtrise est essentielle. C’est elle qui me permet d’aborder la compétition en confiance. Jusqu’ici, prendre des risques ne m’a pas vraiment apporté de résultats.
Avez-vous un rituel de préparation avant de commencer ?
Oui. J’associe l’échauffement à la préparation mentale, avec l’objectif de me mettre dans ma bulle et d’entrer sur la piste avec conviction.
Quels ajustements avez-vous faits depuis la dernière manche ?
À la dernière manche, j’ai chuté, ce qui m’a coûté beaucoup de points. Sinon, j’étais déjà très satisfaite. Depuis, j’ai affiné certains enchaînements et je me sens encore plus sûre.
Qu’est-ce qu’il faudra pour prendre la tête du classement général à Puteaux ?
Face au niveau élevé de mes concurrentes, il faudra présenter un programme maîtrisé, presque parfait. Mais je ne peux contrôler que ma propre performance : mon objectif est donc de donner le meilleur de moi-même et de rester pleinement concentrée.
En une phrase, votre objectif à Puteaux ?
Prendre du plaisir, donner le meilleur et, idéalement, monter sur le podium.
Ressentez-vous beaucoup de pression en Allemagne, où le niveau est très élevé ?
Oui, bien sûr, comme tout le monde. Cette pression m’aide à donner le maximum à chaque entraînement. En dehors du sport, j’essaie de déconnecter pour garder un équilibre. En compétition, je m’appuie sur mes repères et je considère qu’un peu de stress peut être bénéfique. Et surtout, je garde en tête le plaisir d’entrer sur la piste avec le maillot de championne du monde.
Comment expliquez-vous la domination allemande en cyclisme artistique ?
Elle s’explique par des structures très solides, un savoir-faire transmis aux clubs et lors des stages, et une forte densité de niveau dès l’enfance. La concurrence pousse chacune à progresser. Et il y a un véritable esprit d’entraide : on se soutient et on partage nos conseils.
Quels sont, selon vous, les points sur lesquels la France pourrait progresser ?
Je connais encore peu les structures françaises. Mais, de manière générale, la formation des jeunes est essentielle pour préparer au haut niveau. Les entraînements collectifs et la présence de modèles inspirants sont aussi des leviers importants.
Êtes-vous contente de venir en région parisienne pour cette manche ?
Oui, absolument ! C’est particulier de participer à une compétition dans la ville qui a accueilli les Jeux olympiques l’an dernier. Et après l’épreuve, je me réjouis de découvrir Paris : nous avons déjà réservé une visite de la Tour Eiffel.
Comment organisez-vous vos déplacements pendant la saison ?
Nous arrivons toujours la veille, et pour Puteaux même dès le jeudi, afin que je sois bien reposée le jour J. Comme nous voyageons en voiture, transporter le matériel n’est pas un problème. Et surtout, je peux toujours compter sur la présence de ma famille et de mon entraîneur : leur soutien est très précieux. J’ai également la chance d’être aidée financièrement par mon club.
Qu’aimez-vous dans les manches de Coupe du monde ?
J’adore voyager grâce au cyclisme artistique et découvrir de nouveaux lieux. Bien sûr, il faut s’adapter à chaque fois, mais c’est aussi ce qui rend la Coupe du monde spéciale.
Pour vous, qu’est-ce qui fait une Coupe du monde réussie ?
Une bonne ambiance, une atmosphère particulière et des conditions correctes. J’ai appris à m’adapter quand elles ne sont pas toujours idéales. Et si ces événements donnent davantage de visibilité à notre sport, ce serait une vraie réussite.
Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes qui débutent ?
Le plus important, c’est de garder le plaisir à l’entraînement, de rester fair-play et de savourer chaque petit progrès. C’est normal que tout ne réussisse pas du premier coup : on apprend énormément de ces expériences. Après chaque chute, il faut se relever, persévérer et continuer d’avancer. Il faut aussi croire en soi et se fixer des objectifs ambitieux, même s’ils semblent lointains — ça vaut toujours la peine d’y travailler.
Rendez-vous à Puteaux
Nous remercions Lara Füller pour cet échange et lui adressons tous nos encouragements pour la Coupe du monde de cyclisme artistique, le 23 août 2025 à Puteaux.
Le CSM Puteaux Cyclisme vous donne rendez-vous pour soutenir les athlètes et vivre cet événement exceptionnel.